Le piéton fauché doit payer
(15/03/2008)
La justice le condamne à rembourser les dégâts de l'auto. Il y en a pour plus de 10.000 euros ! Scandale
WATERLOO Incroyable. Marc doit payer plus de 10.000 euros pour réparer la voiture qui l'a renversé. Et qui, au passage, a bien failli le tuer.
Le drame se produit le 13 décembre 2005. À Waterloo, sur la chaussée de Louvain. Une chaussée de sauvages où les voitures filent à toute vitesse. Nous avons pu nous en rendre compte nous-même hier après midi.
Marc est avec sa compagne. Il s'apprête à traverser. Sa compagne le précède. Il s'engage à son tour. Soudain, Marc aperçoit l'auto. "C'était une VW Golf grise, avec des pare-chocs noirs" , se souvient Marc.
Du côté d'où la Golf arrive, la ligne droite mesure 350 m. C'est long. "J'étais au milieu de la chaussée, près de la ligne médiane. J'ai vu le chauffeur se déporter sur la gauche. Tout cela va très vite. J'ai compris qu'il n'allait pas pouvoir m'éviter. J'ai mis mes mains sur le capot." Et le choc est violent. Marc est projeté, sa tête percute le pare-brise de plein fouet, il passe par-dessus l'auto et retombe sur le sol. "J'étais sonné. Mon visage saignait. J'ai vu du sang sur mes mains. J'ai compris que j'étais blessé. J'ai eu le pied cassé. Le nez aussi. Mon visage était recouvert de sang."
Marc a réussi à se traîner sur le bas-côté. Les secours étaient alertés. "Le pompier qui est arrivé m'a dit qu'il avait déjà ramassé beaucoup de piétons. Et, en général, ils ne sont plus là pour parler. Il m'a dit que j'avais eu beaucoup de chance."
Là où la chance tourne, c'est que Marc est poursuivi devant le tribunal où il est finalement... condamné. Incroyable.
Les juges ont estimé qu'il avait induit en erreur le conducteur de la Golf en faisant un pas en arrière au moment où il traversait. "C'est vrai, j'ai fait ce pas. Lorsque j'ai vu la voiture arriver sur moi, j'ai cherché à l'éviter. Je ne savais pas quoi faire. Tout va très vite."
Ce procès s'est tenu en l'absence de Marc. Il n'a donc pas pu s'expliquer. Il espère pouvoir faire opposition.
Si ce n'est pas le cas, c'est le conducteur de la voiture, et en l'occurrence sa compagnie d'assurances Fortis qui poursuit Marc, qui aura définitivement gain de cause. "C'est un comble, tout de même. Alors qu'il m'était autorisé de traverser à cet endroit."
Le jour du drame, le conducteur devait aller annoncer une bonne nouvelle dans sa famille : il allait devenir papa.
Marc, lui, est déjà papa. Il devait aller chercher sa fille à l'école qui passait ses examens...
Philippe Boudart
© La Dernière Heure 2008
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