La scission est votée, la Belgique divisée

Les francophones ont quitté, en front commun, la Commission BHV qui a par la suite voté la proposition flamande de scission de l'arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde



BHV, bourreau de l'Orange bleue



Le Dubus du jour: la bombe BHV



BRUXELLES Dès l'entame de la commission de l'Intérieur, les francophones ont quitté la séance. Celle-ci n'a cependant pas été suspendue, les votes ont continué avec les 11 commissaires flamands. Les votes se sont poursuivis et les députés flamands ont voté contre les amendements déposés par les francophones. C'est un événement historique car c'est la première fois qu'une communauté utilise son poids numérique pour faire passer une proposition. Les présidents des partis francophones se réunissent ce soir à la Communauté française.

Les réactions ne se sont pas faites attendre:

Thierry Giet chef de groupe PS, pense que le vote en Commission de l'Intérieur des propositions de loi flamandes sur BHV a pour conséquence qu'on se trouve dans une crise du système fédéral belge et dans une moindre mesure dans une crise du système démocratique puisque les votes ont été acquis grâce au soutien du Vlaams Belang.
"Ce vote est une atteinte au système fédéral belge. Dans un tel système, une majorité ne peut imposer sa volonté à une minorité. Les solutions retenues doivent être négociées, certainement sur des sujets aussi délicats", a commenté M. Giet. Il appartient maintenant aux francophones d'actionner les différentes procédures prévues par la loi, a-t-il encore dit. Quant à l'avenir de l'orange bleue, Tierry Giet s'interroge sur la volonté de poursuivre des discussions uniquement sur le plan socio-économique. Enfin, il relève encore que Groen! est resté en séance et a donc aidé à assurer le quorum pour permettre aux Flamands, y compris le Vlaams Belang, de voter ces propositions de loi.

Rudy Demotte veut mettre fin aux logiques partisanes. Le ministre-président wallon a appelé mercredi à la réunion des partis francophones pour qu'ensemble, ils élaborent un projet commun à la suite du vote en Commission de l'Intérieur de la Chambre.
"Nous entrons dans une relation de rapport de force entre les Communautés, contrairement à ce que réclame un fédéralisme de coopération. Je le regrette", a-t-il expliqué en marge de la séance plénière du parlement wallon. Selon M. Demotte, les partis francophones se sont accordés jusqu'à présent pour refuser les revendications flamandes. Il est temps maintenant qu'il se mettent autour de la table pour savoir ce qu'ils veulent.
M. Demotte a appelé les négociateurs de l'orange bleue à ne pas rentrer dans une logique partisane. "J'ai entendu l'un ou l'autre faire des exclusives à l'égard d'autres partenaires. Aujourd'hui, l'heure est au front uni entre francophones. On ne peut pas segmenter les forces politiques francophones. Toutes les formations politiques francophones doivent être autour de la table", a-t-il expliqué. Selon lui, le prix à payer pour l'orange bleue (c'est-à-dire une coalition composée du MR et du cdH, sans le PS) ne peut mener à une fissure du front francophone. "Si aujourd'hui le prix à payer pour une orange bleue est la fissure du front francophone, c'est une erreur", a-t-il souligné.

Marc Eyskens (CD&V) explique que cette situation est grave mais pas catastrophique. Pour lui, l'orange bleue doit continuer à travailler. Il estime que ce vote, s'il est signal fort, "trop fort peut-être", permettra peut-être de se sortir du noeud communautaire : "le Parlement doit reprendre la main sur cette matière et laisser travailler les partenaires sur le socio-économique".

Pour Karine Lalieux (PS), député fédérale, "ce vote est l'échec d'Yves Leterme (CD&V)". Selon elle, "il doit rendre des comptes au Roi. Ce vote historique a provoqué une rupture symbolique entre les deux communautés de ce pays."

Tony Van Parijs (CD&V) : "Il faut maintenant une très grande sérénité. Maingain a éxagéré en attaquant directement la personne d'Yves Leterme. On ne fait pas cela lorsqu'on est loyal."

Melchior Wathelet (CDH) pas encore certain que l'orange bleue a un avenir : "On verra dans les heures à venir". Il rappelle aussi que "ce vote a été obtenu grâce aux voix du Vlaams Belang." Même si ce vote facilitera peut-être les futures négociations, il n'accepte pas de dire que ce vote est une bonne nouvelle. "Cela reste un vote d'une communauté contre une autre, les partis flamands ont imposé sa vision en utilisant la loi du plus fort."

Armand De Decker (MR) : "C'est terrible à voir, c'est un vote historique, émotionnel. C'est une rupture de confiance. C'est la première fois qu'une communauté vote contre une autre, sans écouter l'avis de l'autre communauté. Maintenant ce splitsing de BHV est reporté d'un an ou deux! Un compromis était possible, ils n'en ont pas voulu. Si on devait faire l'inventaire des déclarations de Bart De Wever (NV-A), on en a jusque demain. Rien à voir avec Maingain, qui lui, est un démocrate. La naissance de l'orange bleue aura lieu.

http://www.dhnet.be/infos/belgique/article/189519/la-scission-est-votee-la-belgique-divisee.html

BHV bourreau de l'orange bleue?(07/11/2007)

© BELGA

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BRUXELLES Une nuit entière de négociations pour sortir de l'écueil de BHV. C'est à ce scénario assez classique qu'on s'attendait encore, hier en milieu d'après-midi. Mais il a pris un solide coup dans l'aile, vers 19 heures, lorsque Didier Reynders a repris la route... de Liège.

"J'ai fait savoir à Yves Leterme que je restais disponible, plus tard en soirée ou ce mercredi matin ", nous a indiqué le président du MR dans la foulée. "Mais je m'étais engagé à venir accueillir l'ancien ministre français Jacques Toubon à Liège, et je tiens mon engagement. "

L'épisode aura sans doute ponctué à merveille une nouvelle journée de très rudes tensions, rue de la Loi. Qui laisse craindre le pire pour ce mercredi.

Pressé de toutes parts, Yves Leterme a reçu les partis francophones, à 14 h 30. L'objectif restait d'éviter le vote, ce mercredi après midi en commission de l'Intérieur de la Chambre, de la proposition de loi flamande scindant BHV. Pour lever leur menace, les nordistes ont exigé une "perspective d'accord négocié ".

Bref, la main était mise sur le détonateur de l'Orange bleue dont ils ont donné ensuite l'impression de ne plus savoir comment l'en retirer. Car les sudistes ont été clairs : si vote il y a ce mercredi, M. Leterme pourra aller rendre son tablier au Roi.

Pourtant, en les recevant hier après midi, le formateur a déçu les négociateurs MR et CDH. Alors qu'ils s'attendaient à des propositions novatrices, il s'est, dit-on, contenté de leur soumettre un document d'une page établissant un récapitulatif des pistes de solutions antérieures.

"Et encore, elles étaient incomplètes ! ", peste ce proche des négociations. "Il y manquait la plupart des éléments évoqués en 2005, le retour possible à l'ancien Brabant... Sur le plan judiciaire, il se contentait, laconique, d'évoquer les éléments déjà sur la table. Mais si c'est à ceux de Val Duchesse qu'il renvoyait par cette phrase sibylline, c'est maigre... "


Trop étriqué


Bref, ce document intitulé Plateforme de négociation a paru bien trop étriqué aux francophones. "Nous restons disposés à négocier, mais au moins sur base d'un cadre de départ suffisamment large. Pas question de s'enfermer d'emblée dans un document où manquent nombre de pistes qui nous sont favorables... "

M. Leterme a assuré au MR et au CDH que la NV-A était d'accord avec son texte. Mais ce n'est pas ce qu'a fait savoir cette dernière, le jugeant elle aussi "insatisfaisant ".

Selon elle, le formateur propose notamment que les habitants des six communes à facilités puissent continuer à voter pour des candidats francophones, ainsi qu'une possibilité d'investissement dans la culture par la Communauté française en périphérie.

En début de soirée, Yves Leterme a reçu les partis flamands, arrivant à un accord sur son texte. Il revoit les sudistes ce matin. Pour du neuf? Ou un à prendre ou à laisser qui enfoncerait le pays dans une crise longue et inédite?

Hier soir, le pessimisme était plus que jamais de mise sur les chances d'éviter encore le vote tant redouté en commission de l'Intérieur...

Manif: déjà 20.000 personnes et des centaines continuent à affluer
De source policière, on estimait à environ 20.000 le nombre de participants à la marche en faveur de l'unité de la Belgique à Bruxelles et des trains continuaient à débarquer des manifestants à la gare du Nord de Bruxelles, vers 11H45, soit trois quarts d'heure après l'ébranlement de la marche..

Au moment du départ, vers 11H00, le cortège s'étendait du carrefour formé par le boulevard Albert II et la petite ceinture à la gare du Nord, noire de monde, et les manifestants continuaient à affluer par centaines sur le parcours, selon la police. Aucun signe d'appartenance politique n'était visible sur les calicots. De nombreuses personnes continuaient aussi à affluer sur le parcours du cortège des rues adjacentes. A Madou, les manifestants ont été salués par un concert de klaxons des voitures empruntant les tunnels de la Petite Ceinture. Des membres de différents partis politiques francophones étaient présents à titre individuel: François-Xavier de Donnea (MR), Anne-Marie Lizin (PS), Fadila Laanan (PS), Isabelle Durant (Ecolo), Jean-Michel Javaux (Ecolo) et une trentaine de membres du cdH, dont Goerges Dallemagne et la négociatrice Joëlle Milquet. Des représentants du secteur économique ont également été aperçus. (CYA